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En Europe, les drogues de plus en plus mortelles

mardi, 6 juin, 2017 - 17:42

L'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies a publié, mardi 6 juin, son rapport annuel, dans lequel il alerte sur la recrudescence des décès liés à l'usage abusif des drogues. L'agence européenne estime que la mortalité par surdose est en augmentation constante depuis trois ans, s'établissant à 8 441 décès en 2015, soit 6 % de plus qu'en 2014.

La drogue, en Europe, n’est pas un sujet à prendre à la légère. Loin de là. Selon l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT), qui publiait ce mardi 6 juin son rapport annuel pour 2016, le continent est de plus en plus confronté à la complexification du problème, « au sein duquel les stimulants, les nouvelles substances psychoactives, les médicaments détournés de leur usage initial et la consommation problématique de cannabis jouent tous un rôle majeur. » Alors que de nouvelles problématiques apparaissent, les anciennes, dont certaines ne sont toujours pas réglées, subsistent également.

D’après les données récoltées par l’OEDT – toutes issues de rapports nationaux des Etats membres, ainsi que de la Turquie et la Norvège -, le principal facteur aggravant reste la bonne santé du secteur de l’offre en Europe. « La majorité des données des enquêtes récentes font apparaitre une légère augmentation de la consommation estimée des drogues les plus courantes », note l’agence européenne. « Le marché de la drogue est également plus complexe, de nouvelles substances étant à la disposition des consommateurs au côté des drogues classiques. » Et les analystes de pointer du doigt les médicaments, de plus en plus utilisés comme substituts psychoactifs, entre autres « nouvelles substances ». « Les habitudes de polyconsommation deviennent la norme chez les personnes qui rencontrent des problèmes liés aux drogues. »

Largement en tête des substances utilisées : le cannabis. En 2015, 22,1 millions d’Européens (6,6 %) avouaient ainsi en avoir consommé pendant l’année écoulée, contre 83,2 millions (24,8 %) « au cours de leur vie ». En France, ce sont 40,9 % des personnes interrogées qui affirment en avoir déjà consommé. D’après les observateurs de l’OEDT, cette drogue « représente la plus grande part du marché des drogues illicites en Europe ». « Les infractions liées au cannabis, qui concernent essentiellement la consommation ou la possession pour usage personnel, constituent trois quarts de l’ensemble des infractions liées à la drogue. » Et alors que la production de cannabis est devenue un générateur de revenus majeur pour la criminalité organisée, « un vaste débat public et politique est en cours en Europe au sujet des coûts et des bénéfices que représentent différentes options stratégiques à l’égard du cannabis. »

« Aucun pays n’a encore trouvé la réponse miracle »

Loin de s’entendre sur la réponse à apporter à ce fléau, les Etats membres de l’Union européenne (UE) ont même adopté des positions très diverses à l’égard du cannabis, qui vont d’un modèle restrictif à une politique tolérante pour certaines formes d’usage personnel. En France, le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, déclarait à ce sujet, mercredi 24 mai dernier, que la consommation de cannabis se verrait punie d’une simple contravention – donc une amende – au lieu d’une éventuelle peine de prison, et ce d’ici quelques mois. Mais pour la présidente du conseil d’administration de l’OEDT, Laura d’Arrigo, « aucun pays n’a encore trouvé la réponse miracle sur ces questions. » « Il est crucial de partager les expériences et les pratiques, celles qui ont réussi bien sûr, mais aussi celles qui ont eu moins de succès. »

Outre le cannabis, principale drogue consommée par les Européens, l’Observatoire s’inquiète du retour de l’héroïne et autres opiacés sur le devant de la scène des décès par surdose. « Plusieurs pays, essentiellement dans le Nord de l’Europe, confrontés de longue date à des problèmes liés aux opiacés, font part d’une récente hausse des décès liés à ces substances. » Les raisons ? « Une augmentation de la disponibilité de l’héroïne, la pureté croissante des produits proposés » et la consommation d’opiacés de synthèse et de médicaments, également source de préoccupation pour l’OEDT. « Les opiacés de synthèse et les médicaments semblent aussi jouer un rôle important dans les décès liés à la drogue dans certaines régions d’Europe », même si celui-ci reste « mal compris » pour les observateurs.

Les usagers d’opiacés représentent d’ailleurs « le plus large groupe de patients suivant un traitement spécialisé et concentrent la majeure partie des ressources disponibles en matière de traitements », d’après le rapport. Et, globalement, selon les estimations, 1,2 million de personnes auraient bénéficié d’un traitement pour usage de drogues illicites dans l’UE en 2014, avec des différences entre pays très marquées : les consommateurs d’héroïne représentaient plus de 80 % des patients admis en traitement en France, contre 10 %  en Slovaquie par exemple. Et si « davantage d’intégration européenne » passait également par une équité de traitement en matière de drogue et autre dépendance ?


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