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Les grandes villes d’Europe confrontées à l’invasion AirBnb

mercredi, 13 février, 2019 - 10:56

Paris vient d’assigner la plateforme de location touristique pour non-respect des obligations déclaratives. Déstabilisation du marché locatif et remise en cause du vivre-ensemble déterminent les grandes métropoles de l’Union à encadrer l’activité d’AirBnb.

Le torchon brûle de nouveau entre la ville de Paris et la plateforme de locations touristiques sur internet AirBnb. La Maire de la capitale Anne Hidalgo vient ainsi d’assigner la firme américaine pour non respect de l’obligation d’enregistrement des loueurs.

A la clé, une potentielle amende de plus de 12 millions d’euros pour la multinationale ! Paris est bien loin d’être la seule ville européenne à s’inquiéter des conséquences de la montée en puissance d’AirBnb et plusieurs métropoles ont pris des mesures pour endiguer une pratique déstabilisant le marché du logement locatif.

L’envers du décor pour les populations autochtones

Bien sûr, vu du point de vue du consommateur – le touriste – des plateformes comme AirBnb sont extrêmement pratiques pour trouver facilement à se loger au cœur des grandes villes et cela pour un prix souvent raisonnable. Cette forme d’économie collaborative satisfait de plus en plus une clientèle soucieuse de partager le mode de vie des populations locales.

Mais il y a un envers du décor. Economique, d’abord, avec un secteur de l’hotellerie de moyen confort déstabilisé par une très rude concurrence, mais également au niveau du marché du logement locatif traditionnel, en particulier meublé.

On estime qu’à Paris, plus de 26.000 logements proposés jusque-là à la location de long terme ont disparu au bénéfice des locations de vacances beaucoup plus lucratives. Evidemment la raréfaction de l’offre de logement fait monter les prix, y compris même les prix de vente.

Les autochtones ont donc de plus en plus de mal à se loger de façon abordable dans les centres ville touristiques. On le constate à Paris, mais aussi à Barcelone ou à Rome.

Mais il y a aussi les nuisances « collatérales ». Entre autres, la disparition des commerces locaux au bénéfices de boutiques ciblant le loisir ou le bien être selon une approche mondialisée ; ou la propreté des rues et la gestion des ordures par une foule de vacanciers de passage ; ou encore les nuisances sonores, puisque les touristes débarquent souvent au milieu de la nuit ou cherchent ensuite à pimenter leur séjour par des réunions aussi festives que tardives…

Londres, la plus touchée par le phénomène…

Paris, qui propose 60.000 logements à la location AirBnb, est devancée par Londres et ses 77.000 logements. La capitale britannique est, il est vrai, connue pour la cherté de son hôtellerie et même de ses « bed and breakfast ».

Ensuite avec 20 à 30.000 logements proposés viennent Rome, Copenhague, Berlin, Amsterdam suivies de Barcelone (18.000).

… reste plutôt tolérante comme Rome ou Copenhague

Parmi les cités ayant mis en œuvre des mesures plutôt douces, on peut citer Rome, Copenhague, Londres ou Amsterdam. Ce n’est que très récemment que la capitale danoise a décidé de limiter à 60 jours par an la durée maximale de location autorisée. Même durée à Amsterdam qui fixe en outre à quatre personnes le nombre de clients autorisés.

Pas de limite à Rome mais une taxe journalière de 3,5 € par client et par jour, soit un coût de 100 € pour une location d’une semaine à quatre personnes.

A Londres, il existe une limite de 90 jours par an de la durée de location au delà de laquelle l’offre est « délistée » du site AirBnb, c’est à dire retirée automatiquement à la location lorsque la durée est dépassée. Mais cette limitation ne concerne que les logements entiers, ce qui explique la part importante d’offres de chambres dans la capitale britannique.

En outre, vu la profitabilité du marché, beaucoup d’officines intermédiaires se sont spécialisées dans la gestion de location alternant offres à court terme ou bien traditionnelles (à plus long terme), ces dernières n’étant pas réglementées.

Barcelone et Berlin en pointe

A Barcelone, outre une durée autorisée d’un mois par an, un système de licence d’exploitation a été mis en place avec un délistage systématique des offres sans licence. Plus de 2.500 logements ont été ainsi retirés à la location en juin dernier.

Dans certaines zones « saturées », les nouvelles licences sont par ailleurs systématiquement refusées. Notons que la capitale catalane avait interdit totalement en 2015 la location touristique, mais la mesure fut un échec.

Echec également à Berlin où l’interdiction de louer des logements entiers a été abrogée en mars dernier. A la place, un système de licences a été instauré avec une limitation à 90 jours par an de la durée de location assortie d’amendes qui peuvent être très lourdes, jusqu’à 100.000 €. Une sévérité payante : 7.500 logements sont revenus sur le marché locatif traditionnel.

Paris jusque-là à la traine

Jusque-là, la municipalité parisienne s’est montrée plutôt modérée puisque la durée annuelle maximale de location est de 120 jours. Pour contrôler cette règle, un numéro obligatoire d’enregistrement a été également institué mais 60% des offres en seraient dépouvues, d’où les amendes envisagées.

L’accord intervenu entre le gouvernement et les principales plateformes touritiques sur le délistage systématique des locations illicites devrait cependant améliorer le respect des règles.

En outre, sans aller jusqu’à l’interdiction des locations touristiques au centre de Paris prônée par son adjoint chargé du logement, le communiste Ian Brossat, la Maire de Paris vient de se déclarer favorable à une limitation à un mois et non quatre de la durée maximale de location.


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