C'est donc la fin du soutien monétaire à l'économie et de l'argent facile et illimité dans la zone euro. La période du "quoi qu'il en coûte" annoncé par Mario Draghi en 2012 se termine, dix ans plus tard.
Une décision attendue de la Banque centrale européenne (BCE), qui arrive un peu tard, mais néanmoins inédite depuis plus d’une dizaine d’années. La progression de l’inflation met fin à une décennie de baisse de taux d’intérêt. Depuis juin 2014, le taux de facilité de dépôt était même négatif. Lors d’une réunion du conseil des gouverneurs, délocalisée à Amsterdam, Christine Lagarde a déclaré : « L’inflation élevée est un défi majeur pour nous tous. Le Conseil des gouverneurs veillera à ce que l’inflation revienne à notre objectif de 2 % à moyen terme. Conformément à notre politique monétaire, nous avons l’intention de relever les taux d’intérêt de la BCE de 25 points de base lors de notre prochaine réunion en juillet. Pour l’avenir, nous prévoyons de relever à nouveau les taux d’intérêt directeurs de la BCE en septembre ». Mais elle prévient : « L’effet de ce changement de cap ne sera pas immédiat ».
Depuis décembre, la BCE a été surprise par la dynamique de l’inflation qui atteint 8,1% sur un an en mai, avec quatorze pays (sur les dix-neuf de la zone euro) se situant au-dessus de cette moyenne. L’institution s’attend désormais à une inflation de 6,8 % en 2022, qui devrait ensuite ralentir à 3,5 % en 2023, mais restant, avec 2,1 %, au-dessus de l’objectif des 2 %, même en 2024. La BCE accompagne de fait les décisions similaires de la part de la Réserve fédérale américaine (la Fed) et la Banque d’Angleterre.
2022, le retour de la rigueur
Après les dépenses importantes liées à la crise du Covid et, bien sûr, la guerre en Ukraine, la décision de la BCE est hautement symbolique. Le Monde souligne qu’une « telle annonce est très inhabituelle pour une banque centrale. Dans ce monde feutré, on donne normalement des indications, on fait comprendre, mais on ne déclare pas à l’avance quelles seront les décisions des futures réunions du conseil des gouverneurs. La rupture avec la communication de routine indique l’ampleur de la pression sous laquelle la BCE se trouve. L’inflation flambe en zone euro, dépassant chaque mois toutes les attentes.. Dans six pays, elle dépasse 10 %, atteignant même 20 % en Estonie. La BCE, dont le mandat est d’assurer la stabilité des prix autour d’une inflation de 2 %, se devait d’agir ».