Guerre en Ukraine, Covid-19, inflation, déception politique, près de la moitié des Européens admettent que leur niveau de vie a baissé en l'espace de deux ans et 39% s'attendent à une aggravation de leur situation pour 2023.
L’Eurobaromètre, publié par le Parlement européen jeudi matin, est basé sur plus de 26.000 entretiens en face à face réalisés entre octobre et novembre dans les 27 États membres. Cette étude de grande envergure montre que la succession de crises a un fort impact sur les ménages : 93 % des participants au sondage se disent préoccupés par la crise du coût de la vie, notamment par la flambée des prix des denrées alimentaires et de l’énergie. La pauvreté et l’exclusion sociale (82 %), le changement climatique (81 %) et l’éventuelle propagation de la guerre en Ukraine aux pays voisins (81 %). Concrètement, 45 % des personnes interrogées ont actuellement « quelques » ou « beaucoup » de difficultés avec leurs revenus personnels. 46 % des Européens admettent que leur niveau de vie a déjà baissé en raison de la multiplication des crises, tandis que 39 % s’attendent à une baisse dans le courant de l’année. Seuls 14 % ne prévoient aucun changement ou impact.
Les pays du sud de l’Europe sont les plus affectés. La baisse perçue du niveau de vie est la plus prononcée en Chypre (70 % des personnes interrogées déclarent que le niveau de vie a « déjà diminué »), en Grèce (66 %), Malte (65 %), France (62 %) et Portugal (57 %). Les habitants des pays nordiques sont les plus satisfaits de leurs revenus actuels – 87 % en Suède, 86 % au Danemark et 84 % en Finlande -, tandis que seuls 21 % des Grecs et des Bulgares sont satisfaits de leurs revenus. Plus inquiétant, 30 % des personnes interrogées admettent avoir du mal à payer leurs factures mensuelles « de temps en temps » et 9 % disent que c’est le cas « la plupart du temps ».
Une image de l’Union européenne qui s’effrite
L’image positive de l’UE a chuté de 52 % en mai à 47 % en novembre, avec de grandes variations selon les pays. Dans le même temps, 62 % considèrent l’appartenance de leur pays à l’Union européenne comme une « bonne chose », contre une petite minorité (10 %) qui la qualifie de « mauvaise chose ». La moitié des personnes interrogées (51 %) affirment que l’UE va dans la « mauvaise direction », tandis qu’un peu moins d’un tiers disent que les choses vont dans la « bonne direction ». Une majorité d’Européens (57 %) sont optimistes quant à l’avenir de l’UE, 39 % se décrivant comme assez ou très pessimistes. La France, Chypre et la Grèce sont les seuls États membres où une perspective pessimiste représente l’opinion majoritaire.
Mais la situation dans leur pays d’origine est encore plus atteinte pour 62 % des citoyens de l’UE. Le sondage révèle toutefois une ambivalence dans l’appréciation des Européens : si l’impression globale est celle d’une « polycrise », la vie personnelle n’est pas toujours pessimiste. 63 % des participants affirment que les choses dans leur vie personnelle vont dans la « bonne direction », ce qui reflète une dissonance marquée entre l’environnement familial et le paysage politique. Les Luxembourgeois (82%), les Irlandais (80%) et les Suédois (80%) sont les plus satisfaits de l’état actuel de leur vie personnelle, tandis que les Roumains (49%), les Polonais (47%) et les Portugais (46%) sont plus mitigés.