L’avertissement du gouverneur de la Banque centrale de Belgique, selon lequel les politiques ne peuvent pas nier les conséquences du changement vert, mais doivent parler franchement aux citoyens et surtout décider qui paiera
Le tournant écologique de la politique européenne est nécessaire pour le bien de la planète mais il n’améliorera pas nos économies, au contraire, du moins dans un premier temps, il portera un coup à la croissance. Et la politique sur ce point doit dire la vérité aux citoyens. C’est le message adressé aux députés européens par le gouverneur de la Banque centrale de Belgique. « Cette transition ne nous rendra pas collectivement plus riches », a déclaré Pierre Wunsch, s’exprimant hier matin (mardi 13 février) au Parlement bruxellois. « Nous pourrions et devrions repenser la communication officielle sur la transition climatique. Mais nous devrions être plus sincères. En particulier, nous ne devons pas induire les gens en erreur en leur faisant croire que le vert apporte des opportunités positives qui pourraient augmenter le PIB et créer des millions d’emplois bien rémunérés.« , a-t-il soutenu lors de son discours à la conférence sur « La stabilité, la coordination économique et la gouvernance dans l’UE ».
Le thème du tournant écologique de la politique européenne sera central lors des élections de juin prochain, lorsque les citoyens du bloc seront appelés à renouveler l’Assemblée communautaire. Le Parti populaire et les partis de droite à la Chambre font la queue depuis des mois contre le Green Deal, accusé d’être insoutenable d’un point de vue économique. Selon Wunsch, la nécessité d’agir pour le bien de la planète est indéniable (« seule une petite minorité vit dans le déni de la nécessité d’agir », a-t-il déclaré), mais il faut cependant admettre « que la transition climatique entraînera un choc d’offre négatif qui réduira notre potentiel de croissance. Par exemple, le prix du carbone et le coût des sources plus vertes rendront l’énergie en Europe cinq à huit fois plus chère qu’aux États-Unis, a-t-il déclaré.
Selon lui, il s’agira d’un choc aux coûts similaires au choc énergétique des années 1970, qui a provoqué une énorme augmentation du prix du pétrole, qui s’étalera cependant sur une période de temps beaucoup plus longue et sera donc plus « gérable ». « . En bref, conclut-il, « cette transition ne nous rendra pas collectivement plus riches », et « il y aura certainement des gagnants, mais aussi beaucoup de perdants », et « il faut le dire, car si les pouvoirs publics sont pris à vivre dans le déni, ils perdre leur atout le plus précieux, qui est la crédibilité. » Et à ce moment-là, a-t-il avancé en prenant l’exemple, lorsque « les premiers signes concrets de problèmes émergents déclencheront la colère et les protestations populaires, il suffit de regarder les agriculteurs ». Selon le banquier, la politique ne peut donc pas nier la réalité, ni s’abstenir d’agir pour le bien de la planète. Il ne lui resterait plus qu’à répondre à quelques « questions difficiles » : « Combien cela coûterait et qui paierait », la transition verte.