Pourquoi la fusion entre Lufthansa et ITA pourrait être une mauvaise nouvelle pour les voyageurs

Edouard Beros

Pourquoi la fusion entre Lufthansa et ITA pourrait être une mauvaise nouvelle pour les voyageurs

Le transporteur allemand veut racheter 41% de l’entreprise publique née des cendres d’Alitalia. Mais la Commission n’est pas favorable à cette décision et a envoyé une demande formelle d’explications

L’éventuel partenariat entre Lufthansa et ITA pourrait nuire au marché européen et à la concurrence, entraînant une augmentation des coûts pour les Européens, ou une diminution de la qualité des services. La Commission européenne a demandé des explications à l’entreprise allemande, qui compte racheter une part minoritaire de son rival italien né des cendres d’Alitalia. Lufthansa et Ita exploitent un vaste réseau de liaisons depuis leurs hubs respectifs en Autriche, Belgique, Allemagne, Suisse et Italie et cette concentration de liaisons entre leurs mains pourrait créer des problèmes.

En ce qui concerne les liaisons court-courriers qui relient le pays aux pays d’Europe centrale, Bruxelles souligne qu’en réalité Lufthansa et Ita sont en concurrence ou ne se concurrenceront que l’une avec l’autre, tant pour les vols directs que indirects. En effet, sur ces liaisons, la concurrence des autres compagnies aériennes est limitée et provient principalement des compagnies à bas prix, comme Ryanair, qui opèrent dans de nombreux cas à partir d’aéroports plus éloignés et plus difficiles d’accès.

La situation est similaire sur les routes intercontinentales, étant donné que la route allemande en possède un. coentreprises avec United Airlines et Air Canada pour les liaisons transatlantiques et avec All Nippon Airways pour celles vers le Japon. Les partenaires de la coentreprise se coordonnent sur les prix, la capacité, la planification et le partage des revenus. Lufthansa pourrait désormais avoir un concurrent de moins, et même un allié de plus avec lequel s’entendre sur les prix et les services. Enfin, la position dominante d’ITA à l’aéroport de Milan-Linate selon l’UE pourrait rendre plus difficile pour les concurrents la fourniture de services de transport aérien de passagers à destination et en provenance de l’aéroport de Lombardie.

Ita, ce qui change avec l’entrée de Lufthansa

C’est pour cette raison que l’exécutif communautaire a adressé une demande de clarification dans le cadre d’une enquête approfondie lancée par la Commission le 23 janvier, qui a examiné l’impact potentiel de l’accord, qui comprenait l’analyse de documents internes et d’informations détaillées fournies par le parties et la collecte d’informations et d’opinions auprès des compagnies aériennes concurrentes, des aéroports, des coordinateurs de créneaux horaires, des clients et des syndicats. Lufthansa souhaite acquérir une participation de 41 % dans Ita, société publique et gérée par le ministère de l’Économie (MEF), pour 325 millions d’euros dans le cadre d’une augmentation de capital.

L’enquête de la Commission sur cette acquisition est actuellement en phase deux, Bruxelles ayant jusqu’au 6 juin pour se prononcer. Une seule autre fusion est actuellement en phase deux, et elle concerne également le transport aérien : le rachat d’Air Europa par International Airlines Group (Iag, qui contrôle entre autres Iberia, Vueling et British Airways). « Nous progressons encore dans notre projet d’investissement dans Ita Airways. Nous analyserons les objections présentées aujourd’hui par la Commission européenne, nous discuterons de chaque point en détail avec l’autorité antitrust », a assuré le transporteur allemand dans une note.

Les mesures correctives visant à répondre aux préoccupations de l’UE pourraient être similaires à celles envisagées dans un accord approuvé par la Commission avec une compagnie aérienne coréenne, qui impliquait le transfert de créneaux horaires, de trafic et de droits d’avion à une société rivale, affirme Reuters. Les régulateurs veulent également s’assurer que la société rivale qui acquiert ces actifs commence à les utiliser presque immédiatement avant de permettre aux compagnies aériennes de conclure les accords, garantissant ainsi que la concurrence ne soit pas compromise.

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« Comme l’a suggéré la vice-présidente Margrethe Vestager, nous présenterons une proposition de solutions à l’autorité afin de répondre aux préoccupations restantes. Nous restons confiants dans le fait que l’opération sera approuvée – également parce que nous sommes convaincus que la concurrence en Europe, notamment en Italie, peut être renforcé par une partie d’Ita Airways du groupe Lufthansa. Dans le cadre de notre structure « multi-hub » et « multimarque », Ita Airways bénéficiera des mêmes synergies de notre groupe qui ont déjà permis à Swiss, Austrian Airlines ou « Les compagnies aériennes à succès de Brussels Airlines », affirme la compagnie.

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