En Espagne : le drame persistant des bébés volés sous Franco expliqué

Edouard Beros

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L’histoire des « bébés volés » sous le régime de Francisco Franco en Espagne reste l’une des pages les plus sombres de cette période. Ce phénomène a été caractérisé par l’enlèvement de nouveaux-nés à leurs familles, souvent dans des circonstances douteuses, et leur adoption par des familles proches du régime. Ce drame humain continue d’avoir des répercussions profondes sur la société espagnole, bien des décennies après la fin de la dictature.

L’éclairage sur une pratique sombre

Le vol de bébés en Espagne n’a pas été un phénomène isolé à une période spécifique de l’histoire du pays. Initié pendant et après la Guerre civile espagnole, il s’est perpétué jusqu’à la fin de la dictature de Franco en 1975, touchant des milliers de familles. Durant cette période, des enfants ont été arrachés à des familles jugées « indésirables » par le régime, sous prétexte de les protéger d’une supposée contamination idéologique. Nombre d’entre eux ont été déclarés morts à la naissance, sans que les parents puissent jamais voir le corps de leur enfant.

Les victimes étaient souvent des enfants nés de mères célibataires, de familles pauvres ou de républicains, considérés par le régime comme des ennemis politiques. L’Église, jouant un rôle crucial dans cette pratique, facilitait l’adoption de ces enfants par des familles fidèles au régime. Il est indispensable de noter que si la mort de Franco a marqué la fin officielle de cette pratique, des cas de trafics d’enfants pour adoption ont persisté jusqu’en 1987.

La quête de vérité et de justice

Des années après la fin de la dictature, le combat pour la vérité et la justice demeure. Des individus comme Maria José Picó Robles et Mario Vidal témoignent de l’impact durable de ces actes sur leur vie. Maria José, qui a découvert que sa soeur jumelle n’était pas dans la tombe où elle était censée être enterrée, poursuit ses recherches en tant que présidente d’une association dédiée à ces bébés volés. L’exhumation des ossements en 2013 n’a fait qu’affermir sa conviction quant à la réalité de son cas. Mario, de son côté, a pu retracer ses origines biologiques après des années de recherche, apprenant que son adoption avait été monnayée.

Cette quête de vérité est soutenue par la nouvelle législation adoptée par le gouvernement espagnol, qui reconnaît officiellement ces enfants enlevés comme victimes du franquisme. Cependant, malgré ces évolutions législatives, la route vers la justice reste semée d’embûches, principalement à cause de la prescription des faits. Parmi les milliers de plaintes déposées, peu ont abouti, soulignant les défis persistants auxquels se heurtent les victimes et leurs familles dans leur quête de réponses.

Une tragédie au-delà des frontières espagnoles

Le phénomène des bébés volés ne se limite pas à l’Espagne. De similaires tragédies ont été documentées sous d’autres dictatures, comme celles de l’Argentine avec les Grands-mères de la Place de Mai, ou sous le régime de Pinochet au Chili. Ces épisodes sombres de l’histoire montrent comment le pouvoir politique et religieux a pu être exploitée de manière inhumaine, affectant la vie de milliers de personnes. En Argentine, par exemple, près de 500 bébés nés de détenus disparus ont été illégalement adoptés, un crime qui, comme en Espagne, continue de susciter efforts de justice et de réconciliation.

Ces pratiques soulèvent des questions profondes sur les droits de l’homme, l’adoption et le rôle de l’État et de l’Église dans des périodes de répression politique. Les histoires de ceux qui cherchent encore leurs origines, ou qui ont retrouvé leur famille biologique après de longues recherches, rappellent les cicatrices laissées par ces politiques et l’importance de la mémoire historique dans la construction d’une société plus juste.

Regard vers l’avenir

Le chemin vers la réparation et la justice pour les victimes des bébés volés et leurs familles est complexe et semé d’obstacles. Cependant, les avancées législatives et les efforts des associations dédiées à cette cause offrent un espoir de réconciliation et de guérison. Il est essentiel que ces histoires soient reconnues et que les responsabilités soient clairement établies, afin d’éviter que de telles tragédies se reproduisent à l’avenir.

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En fin de compte, ces récits témoignent de la résilience humaine et de la recherche incessante de vérité dans des circonstances extrêmement difficiles. Ils soulignent également l’importance de la justice et de la mémoire historique dans la construction d’un avenir où les droits de tous sont respectés et protégés.

Les bébés volés, symboles d’une époque révolue, continueront de nous interpeller sur notre capacité collective à affronter notre passé, à en tirer des leçons et à œuvrer pour un monde plus équitable.

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